Cette aventure en Amérique du Sud aura été de courte durée… Pour le moment, aucune décision n’a été prise pour la reprendre. De toute façon, en raison de la fenêtre météo (je ne tiens pas à passer durant l’hiver en Patagonie…), ce ne serait pas avant une année.
Grâce aux donateurs, Aventure en soliDaire a pu envoyer un premier versement de 3000€ à Nuevos Pasos en Novembre, à un moment où ils en avaient particulièrement besoin compte tenu de la situation perturbée que vit actuellement la Bolivie. La campagne de dons pour Nuevos Pasos reste ouverte. Ceux qui le souhaitent peuvent donc encore donner.
En attendant, j’ai mis en place un nouveau périple qui va débuter la semaine prochaine. Cette fois-ci je ne serai pas seul. Il s’agit de relier Nazareth à Bethléem pour Noël…
Nous n’écrirons plus de nouvel article sur ce blog avant la reprise éventuelle du parcours en Bolivie. En attendant, vous pouvez vous connectez sur notre site ou sur la page Facebook pour être tenu au courant des prochains projets et des evenements.
Quelques détails sur le parcours de Nazareth à Bethléem… C’est une nouvelle expédition dans laquelle va se lancer Marc Brunet : relier à vélo, toujours dans une démarche solidaire, une partie des villages ou lieudits français portant des noms bibliques. Il en existe près de 500. Sa dernière aventure en Amérique du Sud s’étant arrêtée prématurément en raison d’un accident sur les routes boliviennes, Marc Brunet se remet de ses blessures. Il doit par conséquent mettre en attente pour un temps des défis plus ambitieux. Mais il en faudrait plus pour l’empêcher de pédaler. C’est donc dans l’hexagone que va débuter une nouvelle histoire pour cet aventurier drômois. À l’occasion de l’année de la Bible décrétée pour 2020, il a prévu de relier les lieudits de France dont les noms figurent dans cet ouvrage historique, le livre le plus vendu au monde. Ce voyage se déroulera en plusieurs phases, espacées sur une durée indéterminée. La première va le conduire de Nazareth à Bethléem, à l’occasion de Noël. Le changement avec les aventures précédentes c’est qu’il ne sera pas seul, car il va partir avec son épouse sur un tandem spécial. En réminiscence du parcours de Marie et Joseph il y a quelques siècles. À l’occasion de cette nouvelle aventure, Marc Brunet et l’association Aventure en soliDaire souhaitent soutenir une initiative audacieuse qui permet de partager la joie de Noël. Ils vont récolter des fonds pour offrir un repas à des personnes seules de la plaine de Valence le soir de la Nativité. Depuis plusieurs années en effet « Noël du Cœur » est organisé chaque 24 décembre par l’association Prémices, et donne l’opportunité à près de 1000 personnes de participer gratuitement à une soirée festive. Ce projet est né d’un rêve : que personne ne se retrouve seul pour fêter Noël. Les fonds levés par cette nouvelle aventure solidaire permettront de contribuer à l’organisation de la soirée offerte aux Valentinois. Vous pouvez participer par exemple en offrant un ou plusieurs repas pour un adulte ou pour un enfant. Le départ du périple est prévu vers le 7 décembre* depuis le lieudit Nazareth sur la commune de Chabeuil avant de rejoindre un autre Nazareth, à Etoile-sur-Rhône après une pause à Thabor sur Valence. Il se poursuivra le long du Rhône en bifurquant vers le Gard, pour rejoindre Béthanie (près d’Anduze) et l’Arnon (près de Nîmes), avant d’atteindre Bethléem (près d’Avignon) dans le Vaucluse. Un concept original pour célébrer ensemble la joie de Noël de manière solidaire, et auquel chacun peut participer en offrant des repas ou en accompagnant les cyclistes sur le parcours. Pour faire un don Plus de détails sur cette aventure
Je vous avais dit qu’il n’y aurait plus d’article… Mais il y a une petite suite aujourd’hui. Voici le lien pour un résumé en vidéo des quatre premiers jours de cette aventure bolivienne… https://youtu.be/yMVKAI4kNro
Ce matin 5 novembre — il y a exactement un mois je mettais les pieds en Bolivie —, j’allume mon téléphone et immédiatement des alertes WhatsApp surgissent. « Bip, bip, bip ». Je me connecte et un certain Rodrigo, qui m’avait déjà envoyé des messages, m’a fait parvenir des photos. 5. Elles m’intriguent. Mon doigt clique sur la première. Elle fait apparaitre une route. Je reconnais avec nostalgie les paysages de Bolivie. Que de souvenirs. La suivante, c’est une glissière de sécurité. Enfin des taches de sang. Je viens de comprendre…
Juste en dessous, la légende crue, sans commentaires, dont je n’arrive plus à me détacher : « lieu de l’accident ». Je reste un peu incrédule. Serait-ce vraiment l’endroit ? Qui est finalement ce Rodrigo ?
Cet homme m’a envoyé plusieurs messages encourageants et réconfortants depuis mon départ de Bolivie. Rodrigo a certainement utilisé un service de traduction automatique, qui montre rapidement ses limites. Comme ce message reçu de sa part il y a quelques jours « M. Marc sera déjà amélioré. câlin. » Ça fait sourire, mais en même je ne sais comment le remercier pour sa sollicitude, pour son attention, pour avoir pris le temps de s’arrêter et d’avoir pris soin de moi.
Car en fait, en découvrant ces images je viens de réaliser avec un contentement indicible que c’est l’un de mes deux bons samaritains boliviens ! Je l’avais confondu avec quelqu’un d’autre rencontré sur place et qui parlait un peu français. Je cherchais des pistes pour entrer en contact avec eux et voilà que Rodrigo est venu à moi une fois de plus. Merci du fond du cœur, Rodrigo Nogales, je te serai reconnaissant toute ma vie.
Son premier message, c’était « J’espère que vous irez mieux bientôt… vous avez été très fort pour résister à un coup aussi puissant… remercions Dieu… »
A cet endroit j’ai pu expérimenter une fois de plus la solidarité humaine.
J’ai beaucoup de mal à regarder ces photos. Elles me renvoient sans ménagement à cette violence brute du choc, à cet instant où le temps s’est figé quand j’ai basculé du ravissement de ce voyage à la douleur des blessures, quand mon corps a été confronté à la rectitude et la froideur de cette barrière sans âme. Et pourtant je suis tellement reconnaissant de les avoir reçues. Elles ont provoqué en moi une émotion profonde, des larmes, peut-être ce qui était encore enfoui suite à cet incident a été libéré et m’a soulagé. Comme si c’était la pièce du puzzle qui manquait à cet événement. Bien sûr il reste encore des interrogations. Je ne comprends toujours pas exactement ce qui a pu se passer, ni pourquoi j’ai été arrêté si brusquement au début de ce périple. L’avenir lèvera peut-être ces zones d’ombre. Mais est-ce vraiment indispensable ?
Je viens d’apprendre que Rodrigo et ses amis ont maintenant nommé le lieu de l’accident « le virage Brunet » !!
En attendant, une nouvelle aventure (sur deux roues) se met tranquillement en place… Un concept audacieux pour célébrer la joie de Noël ensemble de manière solidaire. Je vais vous la révéler très prochainement.
Alors que je m’apprête à prendre congé de mon médecin après un premier bilan la semaine passée, il ouvre la porte de son cabinet et me lance en me saluant : « Au revoir le miraculé ! Vous avez une petite lueur au-dessus de vous, vous savez, pour avoir été protégé de cette manière ». Oui, c’est certain. Il a donné les différentes consignes à ma femme pour continuer le traitement des plaies. Pour les cotes, rien à faire : il faut apprendre la patience. Les journées passent et ne se ressemblent pas. Il y a des hauts et bas, mais la fatigue est bien présente. Je fais des (longues) siestes presque chaque après-midi, ma jambe droite fait toujours de la résistance mais aujourd’hui elle a décidé qu’elle en avait marre de trainer et commence à fonctionner plus normalement. Chaque jour qui passe est une victoire. Je viens de donner mes premiers coups de pédales sur mon vélo… d’appartement. Au niveau bilan financier, c’est plutôt difficile. Outre le billet d’avion retour inutilisé, il y a la réparation du vélo et le matériel de bivouac abimé dans le choc, plus les petits frais annexes induits par la situation. La bonne nouvelle c’est que ce retour précipité me permettra d’être présent pour notre anniversaire de mariage, pour mon anniversaire, pour Noël et pour les 60 ans de ma femme… Pour moi, ce n’est pas un échec, juste un incident de parcours. Je crois que cet événement aura marqué ma vie. Étonnamment, alors que je rêvais depuis longtemps de ce voyage en Amérique du Sud qui venait tout juste de commencer, je ne me sens ni déçu ni frustré. Je ne regrette pas d’avoir vécu ces moments. Les circonstances de l’existence nous donnent matière à grandir et à nous remettre en question. Comme me l’a écrit un ami « le fait que tu as été aidé par des gens du peuple que tu voulais aider — et que tu aideras sans doute quand même ! — est déjà une belle leçon. »
« Monsieur Brunet, votre fauteuil roulant est avancé » Santa Cruz, Sao Paulo, Paris, Lyon, j’emprunte au moins une dizaine de fauteuils roulants, sillonne ces aéroports en me laissant pousser, guider, parcours des centaines de mètres de couloirs doublant toutes les files d’attente sous le regard interrogateur de passagers « valides » ! Embarquement prioritaire, apanage de mon statut. Une nouvelle expérience pas désagréable. J’étais attendu à chaque escale : une (voire deux personnes quand j’avais le vélo) étaient affectées à mon service. En général des jeunes, comme ce Guadeloupéen à Roissy qui me confie « J’étais coureur cycliste, je commençais à être très bien placé en cadet. Mais un bras cassé m’a contraint d’arrêter. Ensuite j’ai fait du judo, toutes les ceintures. Aujourd’hui plus rien… » Il pousse les fauteuils.À chaque étape, à chaque transfert, à chaque changement de zone, nouveau fauteuil, nouveau (elle) assistant(e). Une nuit très confortable en classe Business, même si je n’ai quasiment pas dormi. Mais j’ai apprécié le menu au choix, les petits chocolats, la nappe blanche sur la tablette, et toutes les attentions liées à ce confort; sans oublier les salons VIP aux escales. Un contexte un peu différent du bivouac… Encore des moments en situation de privilège qui donnent l’occasion d’apprécier chaque instant de vie. Merci à l’assistance ACS/Globe Partner.
Dans les couloirs de Roissy…
Situation cocasse quand je me retrouve à Lyon sur le fauteuil roulant aux côtés de ces deux dames beaucoup plus âgées. Nous avons presque fait la course… L’une revenait de 40 ans aux États-Unis, l’autre passait voir sa famille, car elle vit maintenant en Israël depuis 15 ans « C’est merveilleux d’habiter là-bas. Je suis à Tel-Aviv, à cinq minutes de la mer, dans un quartier que nous avions désiré avec mon mari, décédé depuis d’un cancer. » Ma condition est à des lieues de celle de ces braves dames, pourtant aujourd’hui nous sommes au même niveau, condamnés à nous laisser aider, immobilisés sur ces « chaises roulantes » selon l’expression populaire. L’appellation officielle de cet engin inventé en Chine au 6e siècle restant tout de même VHP : « Véhicule pour Handicapé Physique »,Car c’est tout un art, que de diriger ce type de véhicule.Il faut apprendre à se faufiler efficacement au milieu des voyageurs, les héler discrètement pour ne pas les heurter, leur rouler sur les pieds ou buter dans leur valise, ne pas faire d’excès de vitesse sans pour autant s’attarder dans les duty-free, éviter les gestes brusques déstabilisants, surveiller les obstacles éventuels à franchir, estimer le pourcentage de la pente pour savoir dans quel sens la prendre sous peine de risquer voir son passager être éjecté, appréhender la largeur et l’espace de l’ascenseur… Sans oublier le geste parachevant la fin du parcours : bloquer tout en douceur le frein à main.Certains en ont fait même un art-thérapie : le hip-hop en fauteuil roulant. Cette discipline a maintenant ses championnats du monde et d’Europe tous les deux ans, sous la houlette du Comité international paralympique.
Mes assistants à chaque escale
Bagages tous bien arrivés !
Business Class, le top !
Lever de soleil sur l’Atlantique au-dessus des nuages
Dans le taxi qui me ramène à la maison, nous avons quelques échanges avec le chauffeur originaire d’Algérie, ce pays qui m’a vu naitre. Il est fier de revendiquer qu’il est issu d’une tribu située en plein milieu du désert où se trouve le col le plus chaud de cette partie du monde : 60° en journée. Cela me donne l’occasion d’évoquer avec lui un autre rêve : pédaler en Algérie et dans sa région désertique.Enfin le retour au bercail ou ma chérie m’attendait avec impatience. Le vélo est encore dans son emballage, qui lui a bien souffert. Il retrouve ses 6 autres congénères dans la cabane à vélo. Il va en avoir des choses à leur raconter, sur ses blessures d’aventures et les paysages qui lui en ont mis plein les pédales… Le tandem semi-couché risque d’en être jaloux. Et le vélo couché resté ici piaffe d’impatience de sortir fendre l’air frais. Il ne le sait pas encore, mais il faudra qu’il s’adapte aux leçons tirées de l’aventure bolivienne, ce jeune fougueux et intrépide.Les sacoches sont minutieusement vidées et triées. Ma femme retrouve certains effets encore tachés de sang et imprégnés de la poussière de ce virage, localisé en S 18° 07’06,3/O 64° 45’48,4. Altitude : 1542 m. Ceux qui ont vérifié la position sur l’image satellite ont vu une route, ou plutôt une piste. Il n’en est rien, car cette route est toute récente et complètement asphaltée. C’était peut-être le piège : se croire invincible sur cette chaussée parfaite.
Sur la route de Saipina
Quelques minutes avant le crash…
La routine quotidienne va me reprendre doucement. Pour le moment les nuits restent passablement agitées, car je suis obligé de dormir — quand j’y arrive — sur le dos sans pouvoir bouger.Il ne reste plus qu’à trier les photos, les vidéos, ranger tout l’équipement en vue de la prochaine aventure. Où, quand, pour qui ? À ce jour je ne n’en sais absolument rien.
Pour visionner la vidéo du voyage de retour, c’est par ici
Je viens juste de récupérer mon vélo. Il est dans un sale état : guidon tordu, poignée frein pliée, fourche déformée. Il va nécessiter une bonne révision… comme le pilote.
Côté équipement, ma sacoche toute neuve a un peu souffert. C’est elle qui a joué l’airbag avec la route. A l’intérieur il y avait le réchaud. Une pièce de celui-ci s’est cassée, occasionnant le déversement du reste d’essence dans les affaires. Il a fallu faire le tri, nettoyer et jeter.
Hier je suis retourné à l’hôpital pour le suivi des soins. J’avais également un certificat à demander, exigé par l’assurance pour voyager en avion. La secrétaire qui s’en occupe me dit qu’il faudra une semaine car le médecin responsable (traumatologue) n’est pas permanent ici. A ce moment là, sa voisine lui dit : « Regarde, il est là en face dans la rue, il fait ses courses ! » Quelle coïncidence. C’est comme ça que j’ai eu mon certificat immédiatement !
Hier soir je suis retourné voir mes amis de Nuevos Pasos. Nous avons échangé de belles choses ensemble, pleines de promesses… Ils m’ont confié que malgré les circonstances, ma venue a eu un impact médiatique inédit pour le programme AVISA. D’ailleurs si vous voulez encore faire un don pour soutenir ces familles en Bolivie, c’est possible ! Merci pour eux .
Marc est sorti de l’hôpital hier en fin de journée. Il est logé chez des amis de l’association Nuevos Pasos qui ont des chambres à disposition. Merci à eux pour leur accueil ! Pour les soins médicaux quotidiens, il devra retourner à l’hôpital chaque jour : les soins à domicile, ça n’existe pas en Bolivie…
Il se rétablit doucement mais a toujours du mal à respirer dès qu’il fait un effort. La poursuite du voyage à vélo paraît donc déraisonnable. A cause des efforts physiques nécessaires mais aussi de l’altitude (4-5000 m sur les prochaines étapes de l’itinéraire) cela pourrait même s’avérer risqué pour ses poumons. Nous préparons donc son rapatriement en France puisque le médecin a confirmé hier qu’il pouvait maintenant prendre l’avion. La date de son retour est encore inconnue et dépendra des formalités en cours avec l’assurance. Mais nous reverrons donc Marc plus tôt que prévu !
17 h 18, la lumière du soleil faiblit timidement, elle s’agrippe délicatement aux monts environnants en les éclaboussant de couleurs chatoyantes et éclatantes, comme si elle n’avait pas envie de finir sa course aujourd’hui. C’est l’heure du photographe. Mais je suis fatigué et je veux atteindre coûte que coûte le prochain village pour trouver de l’eau. La journée a été chaude, voire éprouvante. Finalement, je décide malgré tout de m’arrêter, faisant fi de l’heure avancée, car je ne résiste pas à l’appel de l’image et du spectacle. Dans un même regard, je découvre des montagnes beiges, rouges, vertes, parsemées d’immenses cactus dont les plus téméraires se dressent fièrement à plus de cinq mètres. Un dépaysement total dont la photo examinée plus tard ne restituera pas la magnificence. Parfois le souci de ramener du souvenir sans pour autant lambiner sur la route m’empêche de jouir sans complexes ni remords de l’instant présent et de me détacher de ces contraintes technologiques qui m’aident à prouver que je suis bien passé par là.
Je reprends mon vélo couché pour achever la petite côte devant moi. Je peine un peu, je respire profondément, j’appuie sur les pédales et dans le dos pour franchir les derniers mètres à l’ombre d’un massif pan de rocher. Je ne regrette pas le choix de transmission – plateau 36/pignon 17 – avec mon nouveau système Rohloff, même si ce développement montre presque ses limites. Je ne sais pas si je deviens vieux, si le vélo est trop chargé, si la température limite mes efforts (pointe à 43° hier et il faisait déjà 28° ce matin à 7 h 30, à 2000 m d’altitude ), si je ne me suis pas assez entraîné ou si mon hydratation n’a pas été à la hauteur. Ce doit être la combinaison de tous ces facteurs. Conséquence : ma moyenne quotidienne depuis le départ il y a quatre jours n’est pas celle que j’envisageais dans cette nouvelle aventure solidaire* prévue sur quatre mois. Dans les côtes, c’est du 4-5 km à l’heure. Enfin une modeste descente est juste à portée de pédalier. Un grand coup final pour basculer de l’autre côté en poursuivant cette route toute récente — dont le Président bolivien actuel est fier de mentionner le budget en gros caractères sur un panneau à l’image de son ego. Je l’aperçois au loin, ce ruban noir scintillant, serpenter en imitant le fleuve au fond de la vallée. Peut-être subjugué par cet environnement majestueux et nouveau, je ne réalise pas la difficulté du premier virage tout en le percevant un peu serré. Je n’en vois pas la sortie. Je pressens soudain qu’il va se passer quelque chose. Le poids du vélo chargé — 50 kg — m’entraine inexorablement. Un doute m’effleure. J’envisage de freiner. Au même instant j’aperçois des graviers dans la zone d’entrée de la courbe. Je sens la situation devenir hors de contrôle. La réflexion est courte et concise dans cette fraction de seconde :
soit je freine et je dérape,
soit je freine peu ou pas, mais de toute façon je vais aller caresser la glissière de sécurité.
Il semble que je choisis la deuxième solution…
Photo : quelques minutes avant le crash
Tout se déroule à la vitesse de la lumière, car j’arrivais peut-être un peu vite (35-40 km/h ?). Je vois la glissière se rapprocher de moi de manière inéluctable. Le vélo est indomptable, tel un cheval fou. Il m’échappe. Mon aventure m’échappe. Mon destin m’échappe. Trou noir. J’entends un grand bruit. J’embrasse de plein fouet cet obstacle prévu pour protéger. Je ressens une onde de choc qui traverse tout mon corps, comme un éclair. De la ferraille contre de la ferraille ça passe, mais de la chair et des os contre de la ferraille… Le résultat est sans appel : c’est toujours la ferraille qui gagne. C’est un des aspects de la lutte inégale qui oppose parfois le vélo à la voiture. 17 h 26 — Altitude 1630m Lat -18.12566 / Long -64.77637 Arrêt brutal et violent en plein effort. Le bruit du choc ineffable laisse place au silence inquiétant. Je me vois alors couché, maintenant sur la route. Mon membre inférieur droit est coincé entre l’arrête inférieure de la glissière et la fourche de ma roue avant. La douceur et le calme des paysages pourtant si proches sont loin. J’essaie de dégager sans succès ma jambe de ce piège. Après quelques instants d’efforts démesurés comme si mon avenir en dépendait, j’arrive finalement à la tirer vers moi. La rage de ne pas subir, mais d’agir. Je suis soulagé, elle n’a pas l’air cassée. J’entends un bruit de moteur. Certainement une voiture. Elle ne s’arrête pas.Tandis que que je respire péniblement comme si on avait lancé un rocher sur ma poitrine, que je vois et je sens le sang encore chaud couler à grosses gouttes de ma tempe gauche — j’ai taché la glissière immaculée avec mon hémoglobine – , que des douleurs surgissent un peu partout, que ma vision se trouble, j’arrive péniblement après plusieurs tentatives à arracher ma fameuse balise gps spot, à soulever le petit volet protecteur et à appuyer sur la touche SOS. C’est la première fois que je m’en sers, depuis toutes ces années d’aventures, heureusement. Cette balise est une sage condition imposée par ma femme pour mes périples à pied et à vélo en solitaire. Allongé sur l’alsphate, deux pensées me viennent à l’esprit. D’abord je crie à Dieu pour une aide d’urgence dans cette situation. Et puis je me demande quand je finirai ce voyage. Je n’ai pas envie de rater les salars, le désert, les lagunes, les cols à 5000 m, les vigognes, les glaciers ; je me dis que quelques jours de repos devraient suffire avant de reprendre cette aventure, en dépit de douleurs préoccupantes. Elle ne va pas quand même pas s’arrêter brusquement à cause d’une glissade ? Je tente de récupérer mon téléphone pour prendre des photos. Bouger me provoque des douleurs et de toute façon je ne vois pas grand-chose, mes lunettes étant restées sur le vélo, hors d’atteinte. J’abandonne l’idée à regret. Je suis là, étendu sur le bord de la route, espérant une voiture de passage. Il n’y en pas beaucoup, peut-être une tous les quarts d’heure. Au bout de trois minutes, un véhicule s’arrête. Le Ciel m’a entendu. J’entends des pas se diriger vers moi. Je devine deux hommes boliviens se pencher sur mon visage en me parlant, le regard anxieux. Comme ma maitrise de la langue espagnole est encore très limitée, et que mon cerveau est un peu tourneboulé, je ne comprends rien… Ils me prennent en charge tout de suite, ramassent mon vélo ainsi que tout ce qui s’en est détaché et m’emmènent dans leur voiture à l’hôpital de Saipina, le village où j’ai déjeuné quelques heures auparavant. Jamais je n’aurais imaginé y revenir de sitôt !
Durant le trajet ils se préoccupent de mon état, de mon sang qui coule toujours et de mes difficultés à respirer. Je ne sais pas quelle position adopter. Je me recroqueville, je m’appuie sur le dossier. Rien n’y fait. Je récupère mon téléphone taché de rouge et je tente de trouver le numéro de ma femme, alors qu’une goutte de liquide ecarlate se fige dans mes sourcils et m’obstrue en partie la vue.
18 h 04 : « J’ai raté un virage, je vais à l’hôpital »
La communication dure 6 secondes. Pas la force de continuer la conversation. Les paysages et les rares villages filent à toute vitesse devant moi en sens inverse, alors que je viens juste de les traverser. Arrivés à l’entrée de la bourgade de 2000 habitants, mes sauveteurs ne trouvent pas la direction. Ils interpellent un taximan à moto qui va gentiment nous escorter sur la fin de cette route au revêtement fait uniquement de cailloux. Nous atteignons enfin le fameux hôpital en haut de la colline.
Je suis pris en charge de suite par la doctoresse et son infirmière. Elles m’installent sur le lit à leur hauteur et commencent à me déshabiller. Je ne pense pas avoir perdu connaissance, mais comment en être certain ? Alors que je suis allongé sur ce fin matelas, mon corps n’arrête pas de trembler, mes pieds gigotent tout seuls. Pourtant il ne fait pas froid. Fernando et José, les jeunes hommes boliviens qui ont joué pour de vrai les bons samaritains sont toujours présents. Ils s’inquiètent de mon état, déchargent mes affaires et le vélo dans la même pièce où je me trouve. Après nettoyage des nombreuses plaies sanguinolentes, les deux femmes s’occupent de mon entaille au-dessus de l’œil et entreprennent de réaliser 4 points de suture.
« Ça va, pas trop de douleurs ? On va vous faire une anesthésie locale ».
Je sens l’aiguille traverser ma peau. Elles terminent leur séance de couture tout en essayant de chasser les mouches et moustiques de la pièce. Couché sur le lit, embaumé par les odeurs d’antiseptique, j’arrive de nouveau à joindre ma femme pour lui donner quelques détails sur mon état et lui demander de prévenir l’assurance. Je ne me rends pas compte qu’avec le décalage horaire il est minuit passé en France et que depuis mon précédent appel elle s’inquiète de savoir dans quel état je suis, sans réussir à me joindre. L’hôpital n’est pas équipé de matériel adéquat : absolument rien pour procéder à une radiographie, pas d’ambulance… Il n’y a que des lits et du petit matériel. Une ambiance froide et austère, sans âme ni chaleur. Le médecin décide alors de m’envoyer à Santa Cruz, métropole régionale de 2 millions d’habitants, et commande une ambulance qui arrivera un bon moment plus tard. On me dira le lendemain que j’ai eu de la chance qu’un véhicule approprié soit disponible aussi rapidement. C’est la troisième fois de ma vie que l’on me propose une balade en ambulance. Les deux occasions précédentes, c’était déjà pour des histoires de vélo…
Ils s’y prennent à quatre pour me transvaser sur la civière, suivi de ma perfusion qui ne va pas me lâcher, tel un chien en laisse, pendant 4 jours. Ils me sanglent comme si j’étais un forcené. Je peux à peine bouger, mes muscles gémissent, ma poitrine invoque grâce, voudrait se remplir d’une grande bouffée d’air, mais elle est oppressée. Je me laisse faire. C’est une drôle d’impression de devoir dépendre des autres pour des actions banales que l’on fait au quotidien. Je me sens comme un vrai petit vieux. En moi-même je me dis « j’espère que ce ne sera pas mon cas dans quelques années… » Nous arrivons au véhicule, un 4×4 aménagé en ambulance, comme ceux que j’ai croisés sur la route. Une odeur de gasoil plane à l’intérieur… Peut-être dûe au moteur de la climatisation qui vient d’être mis en route. Une vapeur envahit l’habitacle. Un assistant vient s’installer à côté de moi sur le siège. Ce jeune sympathique va plonger dans un sommeil qui va le tenir jusqu’à l’arrivée. J’imagine qu’il était censé me surveiller… Il sera juste perturbé par des appels administratifs en cours de route, dont celui concernant l’adresse de la clinique. Celle vers laquelle nous nous dirigeons n’est pas l’établissement préconisé par mon assistance. Petit malentendu vite résolu. Ce voyage va être bien secoué, des portions de route n’étant pas ou plus goudronnées. Et puis il y a aussi ces fameux dos d’âne. Nous avons bien dû en passer peut-être une centaine. À moins d’avoir envie de casser ses suspensions, il vaut mieux les aborder à vitesse réduite, voire quasiment à l’arrêt. Le scénario s’est donc répété de manière régulière : coup de frein à l’approche. C’est le moment où la masse de mon corps m’entrainait vers l’avant, la tête en bas, avec l’étrange impression de sentir mon estomac rejoindre ma cavité buccale. Un de ces passages a été tellement violent que mon corps s’est littéralement soulevé, plus de contact avec la civière. Heureusement j’étais bien attaché par les sangles. Imaginez plus de quatre heures ballotté dans ces conditions ! À un moment le médecin-conseil français de l’assistance m’appelle mais je n’arrive pas à maintenir le téléphone près de ma bouche pour lui parler, tellement nous sommes secoués. Je ne sais pas comment ils traitent les cas plus graves et n’ose pas imaginer dans quel état ils arrivent ou survivent.
Le système de santé ici est malheureusement déficient. Peu de prise en charge au niveau de l’état, pas de réseau efficace et dense d’accueil des malades. Quand vous allez à hôpital, dans la plupart des cas, il faut une ou plusieurs personnes avec vous, en général la famille, pour s’occuper de votre nourriture et aller chercher les médicaments (à vos frais). D’ailleurs une polémique est en train de naître à ce sujet par rapport aux projets du gouvernement à l’approche des élections. Les médecins de certains hôpitaux se sont mis en grève. Une fois de plus je réalise combien je suis privilégié d’habiter un pays où les conditions de santé sont exceptionnelles, parmi les meilleures dans le monde, surtout pour la prise en charge.
L’assistant, maintenant réveillé, me rassure : « Nous arrivons dans quelques minutes »
Au travers des vitres opaques, je devine les lumières de la ville. Les lampadaires défilent. Enfin la porte libératrice s’ouvre en face de moi et les premiers visages que j’aperçois sont ceux de Joan, le directeur de Nuevos Pasos*, aux côtés de son fils Victor, toujours disponible et indispensable pour la traduction. On me pousse rapidement jusqu’à la salle des urgences de la clinique, la meilleure de la ville me dira-t-on, et me voilà bien installé. Le médecin de garde avec son équipe de 3-4 personnes s’active autour de moi.
« Que s’est-il passé ? Racontez-moi. Vous étiez tout seul ?
— Oui, tout seul…
— Vous avez mal à quel endroit ? » me demande le médecin tout en me palpant la poitrine, les membres. Pas besoin de répondre, pas besoin de traduction, la douleur est un langage universel. Mes sursauts et réactions lui indiquent les endroits sensibles.
Il est plus d’une heure du matin ici. En général le samedi soir, ils traitent une majorité de personnes imprégnées d’alcool. J’espère qu’ils ne pensent pas que je me suis battu… Après vérification de ce qui a déjà été entrepris à Saipina, ils procèdent à toutes les analyses nécessaires avant de me préparer pour la radio. Au moment où ils contrôlent mon cœur, ils m’annoncent, surpris, « Votre cœur bat à 62 pulsations par minute ». Je m’empresse de leur signaler qu’au repos, mon rythme habituel est de 40-42. « Ah oui, j’ai compris, vous avez un cœur d’athlète ». Je n’irais pas jusque-là, « sportif » aurait largement suffi. Un enfant en bas âge braille dans le box voisin. Sa douleur est perceptible. Je passe dans la pièce contiguë pour la radio. Le froid me surprend et mon corps réagit. La climatisation est réglée bien basse, peut-être pour les machines. Il me tarde d’en sortir. Après l’examen, l’infirmier me ramène dans la pièce précédente, pendant que j’observe Joan et son fils se rendre à ma place dans la salle de radiographie, à l’appel du médecin. Leur entretien dure un moment. Je me dis alors que soit c’est très grave, soit de longues explications sont nécessaires. Les revoilà poussant le rideau-cloison pour s’approcher de moi, la mine un peu anxieuse. « Marc, tu as 3 côtes cassées sur le côté droit, derrière ». S’en suit une discussion animée entre le père et le fils sur l’emplacement du côté droit. Quand on regarde de devant ou de derrière ? Vaste débat vital à 2 h du matin. Le médecin interrogé mettra fin au conflit familial… Joan et Victor s’occupent de toutes les questions administratives. Dans mon état, sans compter le problème de la langue, j’aurais été bien incapable de procéder à ces démarches. Victor va rester à mes côtés jusque vers 4 heures du matin. Merci, Victor, d’avoir sacrifié ta nuit. J’ai demandé de quoi manger et boire à plusieurs reprises malgré ma réticence à réclamer quelque chose. Je m’inquiétais d’avoir pédalé intensément toute la journée (70 km – 1000 m de dénivelé) et de ressentir cette sensation de faim, tendant vers l’hypoglycémie. Quand on a fait un effort soutenu, il faut manger dans l’heure qui suit de la nourriture appropriée pour une récupération et une régénération optimale. J’en étais loin… vers 2 h du matin, j’ai eu droit à de la « gelatina » (jelly) — le dessert préféré des latinos à l’hôpital parait-il — avec un thé accompagné de petits biscuits.
Comme il n’y a pas de chambre disponible, je suis condamné à rester aux urgences. Le lendemain matin on me déplacera de quelques mètres pour m’installer dans un autre box. Puis plus tard dans la matinée, à l’aide d’un fauteuil roulant, j’arriverai au 6e étage dans « la habitacion » qui va être ma demeure pour les quatre jours à venir : dans le service maternité ! Il n’y avait pas de place ailleurs. Je savoure à nouveau la lumière naturelle en cette journée dominicale, heureux d’être en vie même si à aucun moment je n’ai soupçonné une issue fatale.
Le deuxième jour, alors que je suis encore couché dans mon lit, je perçois un sifflement d’oiseau. J’essaie de deviner d’où il provient en tournant ma tête vers la fenêtre. Doucement, pour ne pas réveiller les douleurs. Et là, je découvre une frêle silhouette toute de noire vêtue qui sifflote bruyamment en sautillant sur le rebord tout en pointant son bec jaune vers moi. On dirait qu’il veut attirer mon attention comme pour me dire « Ne te laisse pas abattre, il faut rester optimiste, prends la vie du bon côté. Il y a des gens qui vivent des situations plus difficiles que toi ». Il virevolte encore et se déporte vers la chambre voisine. Peut-être pour communiquer sa joie à l’enfant qui l’occupe.
Alors que, la démarche hésitante, je déambule avec difficultés les couloirs de l’étage, accroché à ma ligne de vie s’échappant de mon pyjama-blouse couleur bleu à petits carrés, je me demande ce que je vais pouvoir tirer de ce début d’aventure. Pour l’instant il n’y a que des questions sans réponse. J’ai encore une vision très claire de la descente, de ce virage, de la glissière, et du ravin qui se trouvait derrière. Que se serait-il passé si j’étais tombé un mètre plus tôt ou plus tard ? Le premier poteau de la barrière m’a empêché d’aller plus loin. Je crois que j’ai échappé de peu à des conséquences plus dramatiques. « You are lucky », comme me le confiait un ami bolivien venu me rendre visite et qui m’avait invité au restaurant quelques jours plus tôt, « Tu auras de nouvelles histoires à raconter ! Si tu écris un livre, je veux absolument me le procurer ! J’ai appris ton accident juste au moment où j’étais en train de penser à toi ». La vie m’a donné du sursis, c’est tout bonus. J’en suis reconnaissant.
Quelques jours plus tard, le constat est sans appel : impossible vu mon état (et celui du vélo) de poursuivre mon périple. L’assistance prend la décision de me rapatrier à la maison. Pour moi, ce n’est pas un échec, juste un incident de parcours. Je crois que cet événement aura marqué ma vie. Etonnamment, alors que je rêvais depuis longtemps de ce voyage en Amérique du sud qui venait tout juste de commencer, je ne me sens ni déçu, ni frustré. Je ne regrette pas d’avoir vécu ces moments. Les circonstances de l’existence nous donnent matière à grandir et à nous remettre en question. Comme me l’a écrit un ami « le fait que tu as été aidé par des gens du peuple que tu voulais aider – et que tu aideras sans doute quand même ! – est déjà une belle leçon. »
De retour en France, alors que je m’apprête à prendre congé de mon médecin après un premier bilan, il ouvre la porte de son cabinet et me lance en me saluant : « Au revoir le miraculé ! Vous avez une petite lueur au-dessus de vous, vous savez, pour avoir été protégé comme ça ». Oui, c’est certain. Je la connais bien cette lueur et elle n’est pas petite…
*Cette aventure, comme les précédentes, s’inscrit dans une démarche solidaire pour soutenir cette fois-ci le programme Avisa du centre d’accueil d’enfants défavorisés Nuevos Pasos à Santa Cruz.
Si vous souhaitez découvrir ma première longue aventure à vélo, elle a été publiée dans un livre sorti cette année : « J’irai manger des khorovadz » – 368 pages + cahier couleur 16 pages – Disponible à la Fnac, sur Amazon, ou sur notre site
Voici quelques mots de Marc, à regarder en cliquant ici et à lire :
MUCHOS GRACIAS a tous ceux qui ont pris le temps de m’envoyer un message. J’apprécie beaucoup vos marques de soutien et d’amour. C’est réconfortant dans ces moments où l’on n’est pas dans son environnement habituel. Merci à ma femme pour son assistance. Elle est bien occupée a gérer le dossier de l’assurance et à répondre à tous les amis et famille qui appellent.
Ma convalescence se poursuit. Je suis très bien traité. Au moins 3-4 contrôles par jour : tension, température , visites durant la nuit, etc. Chaque repas est accompagné d’un dessert identique : une sorte de jelly à l’anglaise. Il y a juste la couleur qui change (rouge et verte aujourd’hui). Je n’aime pas du tout, mais il faut s’adapter à la culture et apparemment, c’est un dessert habituel et attendu dans tous les hôpitaux ici.
Cette clinique, partenaire de mon assurance, est la meilleure de toute la ville de Santa Cruz (2 millions d’habitants). Leur slogan est « amamos la vida – nous aimons la vie ». Moi aussi, ça tombe bien. J’ai une super chambre dans le service maternité ! Il n’y avait pas de place ailleurs. C’est super d’être entouré de vies naissantes, d’enfants qui auront plein de rêves à réaliser j’espère. J’ai un petit chien en laisse qui me suit partout : ma perfusion. Mes amis boliviens de Nuevos Pasos sont venus me voir hier en m’apportant de superbes fruits : papaye, poire, pastèque, etc. Ils sont aussi en train d’organiser le rapatriement de mon vélo à Santa Cruz.
Que va-t-il se passer maintenant ? L’assurance (qui prend tout en charge) va faire le point avec l’hôpital demain mardi. Je me sens de mieux en mieux, je peux me lever seul. Mais dès que je bouge les douleurs se font sentir. J’ai sept plaies importantes plus quelques-unes bénignes,et les cuisses enflées. Ce matin en me réveillant j’ai senti la douleur des côtes cassées. Vu les circonstances du choc, la vitesse, le poids du vélo, le ravin, cela aurait pu très mal se passer. Un miracle.
La décision sera donc prise, soit de me rapatrier, soit de me laisser continuer (après un petit temps de repos quand-même… Les côtes commencent à se ressouder à partir de 10 jours). Je suis ouvert à toute décision et Françoise aussi, prête à me laisser continuer ! L’ assurance est aussi prête à prendre en charge les frais pour me ramener avec mon vélo là où mon parcours a été interrompu, pour que je prenne un nouveau départ. Je suis en train de rédiger le récit de cette petite portion de l’aventure. A suivre…
Marc a été transféré cette nuit à l’hôpital de Santa Cruz où il a été bien pris en charge par l’équipe médicale. Ici au moins, certains médecins parlent anglais… C’est déjà plus simple…
« Après 4 heures de voyage dans une ambulance sentant le gazoil et sur des routes en partie défoncées, j’ai rejoint un hôpital équipé du matériel adéquat. Bilan : 3 côtes droites arrière cassées, 4 points au-dessus de l’oeil et beaucoup de contusions. Mais je vais mieux : ce matin j’ai réussi à m’asseoir tout seul. Je vous raconterai mon histoire en détails dès que je pourrai. »
Après plusieurs heures aux urgences (photo), Marc est maintenant installé dans une belle chambre tout confort. On attend de voir comment les choses vont évoluer pour savoir ce qui va se passer ensuite. L’épouse que je suis a l’esprit en paix, rassurez-vous. Quant au vélo, il est entre de bonnes mains mais pour l’instant, on ne sait pas s’il a souffert lui aussi…